Que faire en cas de fibromyalgie ?
Les traitements de la fibromyalgie sont médicamenteux et non médicamenteux. Le principe général est de soulager suffisamment le malade pour qu’il puisse reprendre et développer une activité physique, seule à même d’induire une modification des circuits nerveux perturbés.
Le médecin essayera d’abord différents médicaments afin de trouver ceux qui seront les plus à même de vous soulager. Il faut vraiment comprendre que ces médicaments ne vont pas suffire à guérir la maladie. Ils visent seulement à réduire l’intensité de la douleur afin de permettre la mise en route du réentraînement à l’effort qui est le principal objectif du traitement.
La lutte contre le stress est importante au cours de la fibromyalgie car il s’agit d’un élément aggravant de la douleur ressentie. Cette lutte passe, entres autres, par des techniques de relaxation. Différentes techniques existent mais elles visent au même objectif : se détendre.
Le repos n’est pas à privilégier au cours de la fibromyalgie, bien que la fatigue soit souvent très présente. La lutte contre la fibromyalgie passe surtout par le mouvement. Avoir une activité physique ou sportive en cas de fibromyalgie est non seulement possible, mais tout à fait souhaitable.
Une part importante du traitement est basée sur des programmes de réentrainement progressif à l’effort qui sont mis en place en milieu médicalisé, avec des techniques spécifiques.
Comment traiter la douleur de la fibromyalgie ?
Le message important à retenir est que les traitements médicamenteux sont presque le traitement adjuvant du réentrainement à l’effort. Leur principal intérêt est de faciliter cette reprise.
Les antalgiques, c’est-à-dire les médicaments contre la douleur, ne sont pas tous efficaces dans la fibromyalgie. Ainsi, les antalgiques opioïdes purs (codéine, poudre d’opium) n’ont pas d’intérêt démontré. Parmi les opioïdes qui disposent d’une autre action sur le système nerveux central, il semble que le tramadol soit efficace sur les douleurs de la fibromyalgie, au moins à court terme. Il peut être associé au paracétamol car l’efficacité de cette association est également prouvée.
Certains antiépileptiques sont efficaces dans la fibromyalgie. Ils vont agir en diminuant le seuil d’excitabilité des nerfs impliqués dans les voies neurologiques qui conduisent la douleur. Deux produits ont été étudiés en particulier : la gabapentine et la prégabaline. La dose quotidienne de ces produits doit être augmentée progressivement, jusqu’à une dose efficace. L’augmentation progressive est destinée à minimiser les éventuels effets indésirables. Dans la mesure où ce sont surtout les associations de médicaments qui marchent, il ne sert à rien de rechercher des doses trop élevées.
Dans la fibromyalgie, certains antidépresseurs ne sont pas utilisés pour leur action antidépressive, même en cas de syndrome anxiodépressif associé, mais pour leur intérêt antalgique, via une modulation des neuromédiateurs impliqués dans la conduction des messages douloureux dans le système nerveux. Néanmoins, leur action sur les troubles du sommeil et la fatigue peut présenter également un intérêt. Les doses nécessaires dans la fibromyalgie sont en général plus faibles que celles utilisées au cours de la dépression et le délai au bout duquel l’efficacité commence à se manifester est plus court. L’amélioration de la douleur se produit même chez des patients non déprimés souffrant de douleur chronique et chez des patients douloureux déprimés, alors que leur humeur n’est pas améliorée.
Il existe plusieurs types d’antidépresseurs, mais seuls certains sont utilisés car ils ont démontré leur efficacité dans des études : ce sont les antidépresseurs tricycliques, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (fluoxétine, citalopram) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (minalcipran, duloxétine, venlafaxine). Ils doivent être pris à la posologie qui a montré une efficacité au cours des études menées sur ces produits dans la fibromyalgie.
Les tranquillisants peuvent être utilisés au cours de la fibromyalgie, mais il faudra éviter ceux de la famille des benzodiazépines, car s’ils ont montré une certaine efficacité sur l’anxiété et la décontraction musculaire, ils peuvent aggraver les troubles du sommeil au cours de cette maladie. Actuellement on préfère avoir recours aux hypnotiques tels le zolpidem.
D’autres produits peuvent être intéressants, comme le pramipexole qui est utilisé dans la maladie de Parkinson. Des études ont prouvé que le pramipexole aurait une efficacité chez les patients souffrant de fibromyalgie. Il faut respecter un certain délai pour que le produit montre son efficacité et donc ne pas se décourager trop vite.
Les antagonistes des récepteurs du NMDA peuvent agir sur une catégorie de récepteurs présents dans la moelle et qui jouent un rôle dans la propagation de la douleur. La kétamine est l’un de ces produits. Il s’agit d’un anesthésique utilisé en médecine vétérinaire. Ce médicament a fait preuve de son efficacité dans la fibromyalgie, mais son administration peut être très mal tolérée chez certaines personnes, en déclenchant en particulier des hallucinations ou des chutes de tensions.
Au final, il faut retenir que ce n’est pas un médicament tout seul qui apportera une amélioration, mais la combinaison de plusieurs, à certaines des phases de la maladie. Il est ainsi possible que le traitement évolue au fil du temps en fonction des symptômes de la maladie.
Quel est l’intérêt des thérapeutiques alternatives ?
La fibromyalgie est une maladie où de nombreuses thérapeutiques, dites « alternatives », sont essayées alors que leur efficacité n’est pas prouvée. Il convient de se méfier de cette exploitation sauvage par différents thérapeutes qui y trouvent une opportunité très lucrative. L’acupuncture ne semble pas efficace. L’hypnose a démontré une efficacité modeste mais réelle sur la douleur, la fatigue et l’évaluation globale et ce dans une étude contrôlée versus physiothérapie.
Quels sont les traitements non médicamenteux qui sont efficaces dans la fibromyalgie ?
Il faut supprimer la notion trop répandue que le repos est nécessaire et bénéfique en cas de douleur pour la réduire : au contraire, plus un muscle est entraîné, moins il souffre à l’effort.
La lutte contre la fibromyalgie repose en grande partie sur le mouvement. La prise en charge physique est essentielle au cours de la fibromyalgie : il faut réactiver progressivement les malades, les ré-entraîner à l’effort par des programmes d’activités fractionnées, d’intensité progressive. De nombreux programmes sont développés, en particulier dans les pays anglo-saxons.
Le programme d’entraînement comportera donc des exercices effectués sous le contrôle d’un rééducateur, 1 à 3 fois par semaine, ainsi que des exercices quotidiens à réaliser au domicile. Un carnet d’auto-suivi peut permettre de s’impliquer activement, d’évaluer les activités physiques réalisées et leur éventuel retentissement sur la douleur. Il faudra se fixer des objectifs réalistes et progressifs et évaluer exactement ce qui est réalisé : une rééducation qui ne comporterait que des massages antalgiques sous prétexte que la mobilisation entraîne des douleurs ne sert à rien.
Comment améliorer le réentrainement à l’effort ?
Au cours de la fibromyalgie, les programmes de réadaptation à l’effort, comme ceux à destination des athlètes, visent des objectifs généraux, des objectifs à la semaine et des objectifs à la séance.
L’objectif général est de réduire au maximum le dysfonctionnement observé dans la maladie. Autrement dit, vous devez arriver à maintenir des exercices malgré vos douleurs.
Les premiers obstacles rencontrés vont être d’ordre musculaire, puis cardio-vasculaire, car tout effort prolongé au-delà de quarante secondes, nécessite obligatoirement de l’oxygène. C’est ce que l’on appelle l’aérobie. Les exercices aérobies développent l’endurance.
Pour arriver à les surmonter, il faut pratiquer les exercices progressivement, en adaptant la durée, l’intensité et la fréquence. Au début du programme des exercices consécutifs vont déclencher des douleurs importantes en moins de 20 minutes.
Les premières séances seront de 10 minutes, répétées plusieurs fois par jour. Ensuite des exercices aérobies seront mis en place, nécessitant une faible puissance (environ 50 % de votre puissance maximale) mais d’une durée d’au moins 1 heure.
Ils doivent être complétés par des étirements, de la gymnastique douce et de la musculation douce.