L’état de la plupart des personnes atteintes a tendance à s’améliorer en autant que la personne accepte la maladie et respecte ses limites. La douleur et la sensibilité à la pression sont les symptômes caractéristiques. La plupart des personnes qui souffrent de fibromyalgie se plaignent aussi de troubles du sommeil; elles s’endorment, mais se réveillent plusieurs fois au cours de la nuit, ce qui les prive d’un sommeil profond et réparateur. Elles se réveillent donc fatiguées; la fatigue durant le jour est un symptôme dominant.
Un symptôme neurologique (appelé syndrome des jambes sans repos) qui cause le mouvement périodique des jambes durant le sommeil est également fréquent. Les autres symptômes comprennent l’épuisement, l’anxiété, la dépression, l’engourdissement, la raideur matinale, le syndrome du côlon irritable (alternance de constipation et de diarrhée), des troubles de l’articulation temporomandibulaire (ATM, qui affectent les articulations de la mâchoire et les muscles environnants causent une douleur faciale), des céphalées et des migraines, et des pertes de mémoire à court terme et des pertubations cognitives. Les symptômes varient souvent en fonction du temps, du stress, du moment de la journée, ainsi que du niveau d’activité physique. Leur intensité est très variable d’une personne à l’autre;certaines sont presque totalement handicapées, tandis que d’autres ne le sont que légèrement. L’état de santé décrit à la présente section représente le cas moyen (typique) de fibromyalgie.
Le syndrome fibromyalgique (FMS) a un impact non négligeable sur la qualité de vie de l’individu et sur ses fonctions physique. Cet impact est comparable à celui de la polyarthrite rhumatoide. Plus de 30% des patients atteints du FMS sont obligés d’accepter des heures de travail plus courtes ou des travaux moins physiques pour garder leur emploi. Aux Etats-Unis, environ 15% des patients reçoivents actuellement des indemnités pour leur handicap en raison des symptômes. Perturbation au niveau des neurotransmetteurs: réduction de la sérotonine dans le système nerveux central, niveaux élevés de substance P dans le fluide cérébrospinal et du facteur de croissance nerveux, réduction de la transmission de la dopamine dans le cerveau.
La maladie (chronique) est ressentie comme une épreuve mobilisant les ressources psychiques. Parler de »travail de deuil » suppose de passer par un bouleversement émotionnel (appelé par Pierre Fédida, la capacité dépressive) qui permettra à la personne de consentir à vivre selon cette nouvelle réalité. En apprenant à gérer son existence avec un juste sens du risque, elle compose avec l’incertitude car elle se pense autrement. Le processus d’intégration de la perte ne peut faire l’économie de ces aléas dont le bénéfice permettra de continuer à avoir des projets, de partager avec d’autres les joies et les peines de l’existence. Les pulsions de vie sont de nouveau au rendez-vous.
A l’heure actuelle, il n’existe pas d’analyse biochimique ni d’examen permettant de poser le diagnostic de fibromyalgie, mais l’American College of Rheumatology a établi un ensemble de critères, fondés sur les symptômes du malade, qui sont utilisés dans la pratique clinique. Ces critères incluent l’existence d’une douleur diffuse (douleur dans les quatre quadrants du corps: côté gauche, côté droit, sous la taille et au-dessus de celle-ci) qui dure au moins 3 mois, ainsi que la présence d’une douleur en réponse à une pression de faible intensité (moins de 4kg) à 11 des 18 points sensibles du corps. (les points sensibles sont situés à des endroits précis du corps, particulièrement au niveau du cou, de l’épaule, de la colonne vertébrale et des hanches.
Comme il n’existe aucune cure connue, la fibromyalgie doit être traitée comme un problème de santé chronique. Le traitement vise à soulager la douleur et à améliorer le sommeil, et comprend des médicaments, de la physiothérapie et l’auto-prise en charge. En général, l’efficacité du traitement pharmacologique est médiocre. Les AINS (anti-inflammatoires non stéroidiens, par exemple Advil, Motrin, Tylenol) soulagent en partie la douleur, les antidépresseurs sont plus efficaces pour réduire la douleur, relâcher les muscles et favoriser le sommeil. Des inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine peuvent également être prescrits aux personnes qui souffrent de fibromyalgie et de dépression (laquelle fait fréquemment partie du tableau clinique de la fibromyalgie et aggrave les symptômes). L’acupuncture ou la massothérapie soulage parfois la douleur en éliminant les points gâchette et les spasmes musculaires. Mais, avant et par-dessus tout, l’auto-prise en charge est un élément essentiel à la réduction des symptômes et à la maîtrise de la maladie. Des étirements et des exercises quotidiens limitent la douleur (bien que le mécanisme exact ne soit pas compris), maintiennent la force musculaire et la fonction physique et réduisent la raideur musculaire. L’exercice régulier améliore aussi le sommeil. Les exercices de relaxation réduisent le stress qui pourrait faire surgir les symptômes. En outre, éviter de faire de longue sieste durant la journée (une petite sieste d’une heure environ peut aider à récupérer) et de consommer de la caféine et adopter une bonne stratégie de gestion du sommeil (se coucher et se lever aux mêmes heures tous les jours) sont des mesures qui peuvent améliorer le sommeil. En général, les personnes dont les symptômes sont légers ne requièrent que peu de traitement (particulièrement si elles comprennent comment éviter les activités qui déclenchent ou empirent les symptômes), tandis que celles dont les symptômes sont plus graves doivent suivre un régime thérapeutique complet.
Le syndrome fibromyalgique ne menace pas la vie du patient mais il peut être la cause d’un sérieux handicap qui nuit à la qualité de la vie. Tous les symptômes ne sont jamais éliminés mais une bonne thérapie peut entraîner une amélioration sensible.
Sources et documentations : Statistique Canada, International Association for the Study of Pain